La première chose à faire est de savoir ce qui a déjà été fait, ce qui existe en réduction de l’instrument .Je trouve naturellement des pianos miniatures, mais tous produisent des sons générés par l’électronique……..Donc, rien à voire avec mon métier, je trouve également des épinettes, clavicordes, etc.….Tout cela est bien éloigné du piano. Je fouille dans les archives de l’IRCAM, rien à ce sujet, dans celles des maisons de fabrication, rien non plus. Il semblerait bien que cela n’ai jamais été fait. Alors au travail !
Je dois décider des dimensions à donner à mon travail , après études et réalisation de plusieurs maquettes en panneau de particules ,je décide que ce sera 56 cm pour la largeur et 91 cm pour la longueur ( largeur x 1.618 ce nombre étant « la divine proportion ou nombre d’or ») la maquette est belle et évidemment les proportions sont idéales .
Je commence donc les plans à l’échelle 1 , j’avance sans me poser de questions , je sais que je vais rencontrer sans cesse des problèmes , cependant , dans ma tète , le travail est fini , je le vois ( malheureusement , je ne l’entends pas ).
Calcul du plan de cordes, j’arrive sur ce petit instrument à 9tonnes de tirage horizontal (les cordes sur le cadre) pas le choix, ce sera un cadre tout en acier, avec deux barres de renfort plus un fusil en milieu pour renforcer le sommier. Sur le plan ça marche !
Le bloc lutherie maintenant ! La table d’harmonie sera en bois d’épicéa, je profite donc d’une semaine de vacances pour partir en Italie et j’achète mon bois de résonance chez Ciresa. Je construis ma table à l’ancienne, c’est-à-dire cintrée ce qu’il faut et les barres de table collées et maintenues par des barres de Ciel.
Après un premier essai , je serais obligé de construire une cage en acier pour réaliser un collage efficace .Le milieu de la table fait 3mm d’épaisseur , la périphérie 7 mm .
Je fabrique donc mes chevalets en choisissant un bois dur pour le dessus (ou passent les cordes et ou sont enfoncées les pointes) et un bois plus tendre pour la liaison avec la table. Cette étape est extrêmement précise (de l’ordre du 1/10 de mm) en effet, une erreur reportée et tout est à recommencer. Je taille donc mes crémaillères au ciseau à bois en étant très prudent !
Parallèlement à cela, je commence la construction du meuble, comme il s’agit d’une queue cassée, je dois donc fabriquer les moules pour donner la forme à mes feuilles de placage (coté droit et extrémité du piano) la « caisse » fera donc 13mm + 2 mm puisque je plaquerais intérieur et extérieur avec du placage de noyer d’1mm.
Déjà trois mois se sont écoulés, je travaille tous les jours au moins 5 heures sur mon projet en faisant mon travail de restauration en plus . Bien sur, ça avance, mais il reste tant à faire (chez les compagnons ; la règle est stricte ; on doit faire tout et seul ! Le parrain est la pour nous encourager et aussi pour maintenir la pression ! Et il la maintient, une visite quasiment tous les jours ……….)
Récapitulons ! La table et les chevalets, c’est fait, le meuble est quasiment fini, ceinture, barrage, capot, cylindre, c’est fait.